L'interview du Garde des Sceaux, un bras d'honneur à la Corse ?


Lundi 13 Mars 2023

C'est du déjà entendu depuis des décennies, sur tout les tons. Une intervention lénifiante alors que la Corse a besoin d'une volonté politique pour endiguer la menace mafieuse. Notre collectif vient de réagir.


Nous avons espéré un court instant, en constatant que l’entretien que le ministre de la Justice avait accordé à Corse Matin, que les autorités avaient enfin pris la mesure du développement de m’empreinte mafieuse dans notre Île.
Il nous a fallu, hélas, déchanter en prenant connaissance de la longue litanie de poncifs éculés que constituait cet entretien.
Pas la moindre proposition à la hauteur de la situation que connait la Corse : à moins de considérer l’annonce de la délocalisation des procès en assises intentés aux membres du grand banditisme comme une révolution dans le traitement de ce genre d’affaires, ce qui a été plusieurs fois démenti par les quelques affaires délocalisées à Dijon, Nice ou Aix en Provence qui se sont traduites par de surprenants et scandaleux acquittements.
Les pressions sur les jurés et leurs familles dont les mafieux sont coutumiers ne s’embarassent pas de ce genre de considérations, et il suffit de voir, sur les chaines de télévision, leurs séides massés à la porte des prétoires où qu’ils se trouvent, pour comprendre que l’intimidation n’a pas de frontières.
Nous proposons quant à nous, comme beaucoup de hauts magistrats, dont ceux qui ont eu à travailler dans notre Île, de faire juger les membres de la grande criminalité, par des magistrats professionnels, moins sensibles aux intimidations que des jurés d’assises.
Pas un mot, dans cet entretien fleuve, des collectifs anti-mafia qui se sont constitués en Corse, pourtant la seule région française à avoir vu éclore ce type d’associations citoyennes.
Monsieur Dupont Moretti a consulté, parait-il, nombre de personnalités dans notre Île, à commencer par le président Marcangeli qui lui aurait signalé l’augmentation de la prostitution de très jeunes femmes dans la région d’Ajaccio.
S’il avait pris quelques minutes pour consulter notre collectif, nous lui aurions rappelé qu’à Ajaccio plusieurs bandes mafieuses font la loi.
Je suis allé chercher, je l’assume, du coté des italiens des idées sur la redistribution des biens confisqués aux mafieux, déclare enfin le ministre. Que n’en a-t-il profité pour adopter la disposition que nos amis italiens ont pris depuis des lustres et que nous avons repris à notre compte : l’inscription dans le code pénal d’un délit d’association mafieuse.
Cela aurait donné l’impression qu’il prend la Corse et les Corses au sérieux.



le Lundi 13 Mars 2023 à 16:25 | Lu 3248 fois

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